Projet de Roman - Drame, Thriller ? Vos avis sont bienvenus

J’étais confortablement allongée sur mon lit, l’oreiller calé derrière ma tête. Et j’essayais de réfléchir à tout ce qui se passait, et pourquoi j’avais la désagréable impression qu’un événement important se déroulait aujourd’hui. C’est là que je vis le vieux calendrier placardé au mur : 21 avril. Aussitôt, je compris et la souffrance de ce jour maudit m’arriva en pleine figure. Aujourd’hui, j’avais dix-sept ans. C’était le jour où nous avions prévus de faire une grande fête, de se marrer et de danser toute la nuit, insouciants du passé, de l’avenir. Adolescents tels que nous étions, le futur, la vieillesse et les problèmes que nous avions étaient bien loin derrière nous dans ces moments-là. Malheureusement, tout avait changé. Ce projet était complètement révolu à présent et il n’avait plus lieu d’être de toute façon. Mon regard se posa sur la porte et je fus prise d’une soudaine envie de descendre au rez-de-chaussée. J’ignorai pourquoi, peut-être le fait que je passai mes journées dans ma chambre et que mes jambes étaient complètement ankylosées … je sortis un pied de la couette et le posai par terre. J’arrivai jusqu’à la porte, titubai. J’avais l’impression d’avoir le mal de mer, tout tanguait autour de moi, tremblant, je me rattrapai à la poignée et finis par ouvrir. Je débouchai sur le couloir au carrelage à motifs compliqués, aux murs blancs, espace angoissant pour moi. Tout était nettoyé, de fond en comble. Ma mère avait toujours été une maniaque de la propreté. En pantoufles, je m’engageai dans l’escalier en bois clair, glissai sur le tapis, me rattrapai au dernier moment. Les particules de soleil filtraient à travers la baie vitrée. Gémissant, je me cachai le visage des mains. Ce n’était pas possible, qu’il y ait moins de lumière ici ? Finalement, descendre de ma grotte n’était pas une si bonne idée. Haletant - de frayeur, je ne sais pas – je pris une profonde inspiration et courai pour arriver à ma chambre, pour fuir ce maudit soleil. Arrivée de nouveau dans ma tanière, j’essayai de respirer à un rythme mesuré. Une fois calmée, je m’avançai vers mon lit, et me rallongeai. C’est là que je le vis…enfoui sous de la paperasse, mais visible quand même. De là où j’étais, je voyais l’épaisse couche de poussière qui le recouvrait. Aussitôt, mon cerveau entra en ébullition… que faire ? S’’en saisir, l’allumer, regarder les messages, la boîte vocale, l’abandonner ? Non, non, non … je ne pouvais absolument pas regarder … si je faisais ça, tout ce que j’avais essayé d’oublier, d’éviter pour limiter ma souffrance allait réapparaître et re-détruire ma vie … enfin, ce qu’il restait de ma vie … ! Mais en même temps, est-ce que ça me protégeait tellement de faire comme si rien ne s’était passé ? Alors que je me disputais avec ma conscience pour savoir quoi faire, je cédai à une impulsion soudaine et m’approchai lentement du bureau où était posé mon portable. J’enlevai tous les papiers et objets empilés et dénichai le mobile. Je passai un doigt dessus, le découvrit ensuite blanc de poussière. Je soufflai doucement pour évacuer tout cela, et hésitant pendant des heures à mes yeux, appuyai sur le bouton d’allumage. Respirant difficilement, l’écran de démarrage apparut et on me demanda trop vite à mon goût de composer mon code pin. Déstabilisée, je ne parvenu pas aussitôt à me rappeler de ce détail futile. Je ne l’avais tellement pas allumé ces derniers temps qu’il me fallu vingt secondes de plus pour me souvenir de ce code, puis le composai hâtivement, le souffle court. Mon fond d’écran apparut et à peine une demi seconde plus tard des élans de souffrance me traversèrent de tout part : cette photo devait être supprimée immédiatement, je devais changer absolument de décor … rien qu’à poser mon regard dessus, je devais serrer de toutes mes forces les dents pour ne pas craquer. Je failli tout éteindre, me ravisai. C’est là qu’une multitude de sonneries stridentes retentirent bruyamment dans la pièce : je n’avais pas un message, mais deux, trois … jusqu’à atteinte le nombre de douze. J’avais également sept messages sur ma boîte vocale. Ca va bien se passer, rien d’inquiétant, ce ne sera que des messages habituels, scandai-je dans ma tête. Si ce sera quelque chose d’alarmant, je couperai aussitôt le portable, pas de problème. D’ailleurs, les sms, eux, étaient habituels : « Je suis désolée pour tout ce qui t’arrive, Emma. « Disait Jessica Denton, « Bonne chance pour surmonter cette épreuve « marquait David Stepson, le blablabla habituel en somme. J’en supprimai pas mal, et composai enfin le numéro de ma boîte vocale. La voix mielleuse de mon opérateur téléphonique apparut : « Vous avez sept nouveaux messages, annonça-t-elle. Le 3 avril à 23h35 : « La voix veloutée et parfaite d’Adrian retentit dans le combiné : « Salut Emma. Je voulais savoir ce que tu faisais ce soir, vu que tu ne m’as pas mis au courant. Je suppose que tu es allée chez Abigail, à une fête ou quelque chose de ce genre là. Bref, Rappelle-moi. Je t’aime. » Mes lèvres tremblèrent au fur et à mesure qu’il énonçait ce message. Un torrent de souvenirs remonta à la surface : Les moments qu’on avait passés ensemble, sa façon de m’embrasser, à la fois tendre et passionnée, les jours où je me disais, très naïvement, que rien ne pourrait nous séparer, l’époque où j’étais presque niaise et immature. Ce qui s’était passé il y a de nombreuses semaines avait complètement changé mon point de vue et bouleversé mon caractère à jamais, me disais-je. Quand le message finit, la voix du malheur recommença à assener l’implacable vérité : « Le 3 avril à 1h46 du matin :

- Ouais Emma, c’est Brooke… jvais pas tourner autour du pot, je voulais savoir pourquoi ma sœur n’est toujours pas là. Je m’inquiète franchement, alors j’exige des nouvelles dans les prochaines minutes, merci. »

Les larmes me montèrent aux yeux et j’eus énormément de mal à les contenir. Je me mordais les lèvres si fort que je laissais des marques … trop tard, de l’eau salée coula lamentablement sur mes joues, les larmes roulant sur mon visage et disparaissant en humidifiant mes vêtements. « Le 3 avril à 2h26 »

- Putain, Emma Harlow, fulminait Brooke. J’ai téléphoné sur le portable d’Abigail ça ne répond pas, et le tien non plus. Où êtes-vous bon sang ? Heureusement que les parents ne sont pas levés, sinon je peux t’assurer que vous vous prendriez un de ces savons ! Bon, alors je.veux.qu’Abigail.m’appelle.tout.de.suite ! Au revoir ! Raccrocha-t-elle hargneuse. « Le 3 avril à 7h58 »

- J’ai dormi un peu mais quand je me suis réveillée et que j’ai vu l’heure j’ai cru halluciner. Abigail était censée arriver à minuit au plus tard. Je voudrai savoir où est ma sœur ! dit-elle hystérique.

« Le 3 avril à ….

C’en fut trop. Je raccrochai, et je savais que je ne supporterai pas un mot de plus. Chaque lettre assénée continuait à m’anéantir… Je coupai mon portable et le rangeai au fond de mes tiroirs, pour ne plus jamais en entendre parler.