[Spoiler BD] OS One in a million

One in a million.

PDV Jacob.

J’étais là, à faire la queue comme tous les imbéciles présents à cette fête, pour offrir à Nessie son cadeau d’anniversaire. Parlons-en, de son cadeau ! Ce n’en était même pas un. Un vulgaire cahier, dans lequel j’écrivais depuis ses quatre ans. Elle m’avait reproché de ne pas assez lui parler de moi… Elle allait être servie. La file n’avançait pas, Renesmée se bornant à embrasser chacun de ses amis, puis prendre une photo avec eux. Mon tour arriva enfin. Je lui tendis son présent, sans aucune délicatesse. Elle haussa les sourcils en déchiffrant les mots griffonnés sur la page de garde.

Lis le plus tard.

Elle leva les yeux vers moi, une lueur d’incompréhension dans ses prunelles dorées. Je lui adressai un clin d’œil, et subit sans broncher l’embrassade – qui, soyons réalistes, ne m’embêtai pas tant que ça. Pas du tout en fait – et la photo réglementaire. Après tout, la seule chose qui m’importait était son bonheur, et si une simple photo pouvait la rendre heureuse, ça m’allait. Comme d’habitude, Alice en avait trop fait, mais, contrairement à l’attente générale, Nessie adorait ça. Ses anniversaires étaient considérés comme l’évènement majeur dans la ville.

J’observais du coin de l’œil le couple. Renesmée, ma Nessie, avec cet imbécile de Carl. Je le haïssais, comme tous ceux qui avaient eu le bonheur, ou le malheur selon les points de vue, de fréquenter celle qui, depuis sa naissance, comptait plus que tout à mes yeux. Assis à une des tables blanches disposées dans le jardin de la villa, les amoureux s’échangeaient à tour de rôle des parts de gâteau. L’environnement n’arrangeait rien : bougies disposées partout, rubans, et autres frisettes habituelles. A vomir. Mon estomac se tordit douloureusement lorsqu’elle leva les yeux vers moi et adressa un signe de main à mon intention.

Les jours suivants, rien dans son attitude n’indiquait qu’elle avait commencé à lire. Nessie avait cette façon d’être qu’aucun des Cullen ne possédait : le pouvoir de se fondre dans la masse humaine. Malgré sa beauté époustouflante, elle était complètement en contact avec le monde extérieur, contrairement aux autres buveurs de sang. En particulier avec cette fille, Ashley, sa meilleure amie. Sur ce point, impossible de la comprendre. Meilleure amie d’une humaine ? N’importe quoi ! Toutefois, tout le monde la pardonnait. Tout le monde l’aimait, et était suspendu à ses lèvres. N’importe quelle personne censée aurait fini par prendre la grosse tête, mais après dix sept ans, Nessie était toujours la même personne. Et en encore plus jolie.





Je me souviendrais toujours de ce cri. Un hurlement de détresse, de désespoir teinté d’insupportable souffrance. Et de larmes.

Je me précipitais dans la chambre, m’attendant à ce que le reste de la famille soit déjà là, avant de me rappeler qu’ils étaient tous partis en voyage. Elle était là, effondrée contre le mur.
Ses yeux m’adressèrent une supplication silencieuse, ils m’intimaient de partir. Impossible pourtant de la laisser dans cet état. Elle se laissa glisser le long du mur, ses mains tremblantes s’approchant lentement de son visage fiévreux et embué de larmes. Je passai un bras autour de ses épaules, et c’est alors qu’elle craqua. Elle s’accrocha à mon cou, désespérément, comme une bouée de sauvetage, une bouffée d’oxygène, et recommença à pleurer de plus belle.

Je ne pouvais rien faire, sinon être là. De temps à autre, je passais une mèche de cheveux humides derrière son oreille et lui chuchotais un mot à l’oreille, attendant qu’elle se calme.
Ses sanglots un peu apaisés, elle me regarda dans les yeux, ses lèvres s’entrouvrirent, et je déchiffrai doucement les mots murmurés.

- Merci.

Ce fut les derniers mots qu’elle prononça, pour une période dont nous étions tous loin d’imaginer la durée. Personne ne sut jamais la raison de ce silence intenable.

Au retour de leur virée, les Cullen découvrirent avec effarement le mutisme de Renesmée. Après me l’avoir reproché, il leur fallut se rendre à l’évidence : elle ne nous avouerait pas ce qui l’avait mise dans cet état avant un bon moment.
Il eurent besoin de temps pour arriver à comprendre Nessie sans avoir besoin de paroles. Pour ma part, je lui faisais confiance. Elle saurait très bien nous annoncer quand elle serait prête à communiquer à nouveau.

J’arrivais à la comprendre. Par des regards, des gestes, des pensées partagées en silence. Je me rendais compte au fil du temps que je parlais moins également, lorsque j’étais avec elle. Peut être pour partager son état d’esprit, comprendre son raisonnement, ce silence qui devenait un mode de vie pour tous dans la maison.

Chacun l’envisageait à sa façon. Patience pour certains, agacement pour d’autres, ou encore tristesse. Bella en particulier, avait beaucoup de mal à supporter Renesmée dans cet état là, elle qui d’habitude était si enthousiaste et pleine de vie.

En fouillant un matin dans la villa dans l’espoir de trouver un indice sur ce qui provoquait le silence chez Renesmée, ou ce qui pourrait l’en sortir, je tombais sur une lettre que je n’étais sûrement pas censé lire.

Maman.
J’ai besoin que tu m’aides. Protège moi des pensées de Papa.
Je sais que tu peux le faire, il n’y a que toi qui peut y arriver, sans qu’il soit au courant, surtout. Je sais que tu meurs d’envie de savoir ce qui m’est arrivé. Tout le monde se le demande, de toute façon. N’en parle à personne, et surtout pas à Jacob.
Je t’expliquerai… un jour.
Nessie

Tout s’expliquait. Voilà pourquoi Edward avait toujours cet air crispé lorsqu’il se trouvait dans la maison. Il était totalement frustré. Incapable de lire les pensées de sa femme, et voilà que maintenant celles de sa fille lui étaient interdites. Réduit à ma condition, ou presque. Renesmée avait tout prévu, plus personne ne saurait, à présent. A moins que Bella ne relâche son bouclier, ce qu’elle était incapable de faire, par amour et respect de sa fille.

Un soir, alors que je déambulai sans but précis dans la villa, je m’attardai attentivement devant la porte de sa chambre. Elle contrastait parfaitement avec son état d’esprit du moment : colorée, joyeuse… tout le contraire de la Nessie de maintenant. Délicatement, je posais la main sur la poignée et exerçai une légère pression qui produisit un grincement sinistre.

Je passai la tête dans la légère ouverture, et aperçut Renesmée de dos, couchée sur son lit. Je m’approchai. Elle s’était endormie, ce qui était plutôt rare en ce moment. Elle paraissait si calme, si vulnérable et fragile… Je me penchai, écartai une mèche de cheveux, et déposai un baiser sur sa joue. Me relevant, je ne pus m’empêcher de penser à haute voix :

- Reviens nous vite, ma Nessie. Je t’aime.

Bien sûr, cela était facile de le prononcer à cet instant, un coup pour rien. Restait à lui annoncer en direct…

En me relevant, mon regard s’attarda sur un objet noir posé sur sa table de nuit : le carnet que je lui avait offert. En le feuilletant, je me rendis compte que certaines pages étaient cornées. J’avais maintenant la certitude que mon cadeau ne resterait pas au fond d’un tiroir, même si ce n’était pas dans ses habitudes. Avant de ressortir, je ne pus m’empêcher de m’attarder dans sa chambre, que je connaissais si bien, mais redécouvrais à chaque fois, Nessie s’amusant à la redécorer régulièrement. Ses murs étaient couverts de photos, comme si elle voulait se persuader que ce qu’elle vivait était vrai, ou que ses amis photographiés veillaient sur elle.

Cette fois, un pan du mur m’était destiné. Je souris en redécouvrant ces moments passés ensemble, figés à jamais sur ce papier. Nessie et moi à La Push. Moi astiquant ma moto. Nessie déposant un baiser sur ma joue. Curieusement, sur aucune des photos où on l’apercevait, Nessie n’avait moins de 15 ans. Physiquement, s’entend. Soudain, je m’arrêtai sur une photo que je n’avais jamais vue, et qui me saisit le cœur. Nessie bébé, dans les bras de Blondie, et moi la découvrant pour la première fois.

J’avais ce quelque chose dans les yeux que je ne saurai jamais expliquer, l’imprégnation. Qui donc avait bien pu prendre ce cliché ? La photo me troubla comme jamais aucune ne l’avait fait. Délicatement, je détachais chaque coin de la photo du mur, et la plaçai avec précaution dans mon portefeuille. Je relevais les yeux vers le mur, et soudain le trou blanc laissé par la photo me parut flagrant. Tant pis, je savais qu’elle comprendrait. Je ramassai un crayon que je venais d’apercevoir par terre et inscrivit mes initiales sur le mur.


Un matin, je sentis que l’on progressait, lorsque j’entendis Renesmée dans sa chambre. Elle fredonnait une chanson que je fus incapable de reconnaître. Déjà, on la sentait plus présente dans la maison, plus vivante qu’avant. Jusqu’à ce que Blondie gâche tout, comme à son habitude. Je l’entendis lorsque je descendais les escaliers.

- Tu sais, Nessie, tu peux me raconter, à moi, je ne dirais rien au clébard.

Je n’eus même pas le temps de m’apercevoir que l’on parlait de moi que j’entendais déjà un bruit de verre cassé, vit la porte de la cuisine claquer jusqu’à presque sortir de ses gonds, puis Nessie qui survolait les escaliers.
Le tout avait pris à peine deux secondes. Je discernais ensuite le claquement léger du loquet de sa chambre. Je montais les marches, toquai à la porte.

Rien. Je retentai les coups à la porte. Deux, puis un silence, et un troisième coup. Une habitude, une sorte de code que nous avions établi depuis longtemps. Elle ouvrit la porte si vite que j’avais encore la main levée quand je me retrouvais en face d’elle. J’entrais sans attendre, et m’assit en tailleur sur son lit. Elle monta aussi, puis se pelotonna, la tête sur mes genoux. Encore un rituel, que j’utilisai quand elle était petite pour la réconforter après un chagrin. Bien sûr, beaucoup de choses avaient changé. Renesmée n’avait plus quatre ans, et ce chagrin n’était pas un chagrin comme ceux de son enfance. Je tressai machinalement ses boucles dorées du bout des doigts. Je distinguais soudain quelque chose, une mélodie, lointaine mais bien présente.

Encore cette chanson qui m’intriguait, sans que je sache pourquoi. Je baissai la tête vers Renesmée, qui avait fermé les yeux et m’aperçut que c’était bien elle qui chantait encore. Sans chanter toute fois. Silence jusqu’au bout. J’avais appris à écouter, pas à seulement parler sans réfléchir. Soudain, elle ouvrit les yeux, comme si elle venait de repenser à quelque chose.
Elle se releva, attrapa un objet sur son bureau, le feuilleta et me tendit mon carnet ouvert à une page qui avait été vierge. Elle était à présent couverte de notes de musique, que j’étais cependant incapable de déchiffrer. Du chinois. Toutefois, je décelai un rapport quelconque avec la chanson, que je ne pouvais pas saisir.

Le jour où elle fut prête, je le sus immédiatement, dès que je la vis. Quelque chose avait changé dans ses yeux. Une étincelle qui avait disparu pendant des semaines, et qui n’était pas là la veille. Je la questionnai du regard, histoire de ne pas m’enthousiasmer pour rien. Le sourire qui apparut au coin de ses lèvres me frappa de plein fouet. Un sourire hésitant, comme avant. C’était le premier depuis le début, et il était pour moi. Juste pour moi. Et c’était bien un sourire d’acquiescement. Je m’approchais d’elle et lui chuchotai du bout du lèvres, au creux de l’oreille.

- A dix heures ce soir, sur la falaise.

Elle hocha la tête, lentement. J’avais moins de douze heures pour préparer quelque chose qui tienne la route. C’était le moment ou jamais de lui avouer mes sentiments…




- Je t’en supplie, ne m’arrête pas maintenant. Je me suis torturé toute la journée pour trouver le courage nécessaire, ne gâche pas tout.

Je repris ma respiration, et puisait le cran nécessaire à ma déclaration dans son regard.

- Nessie. Je n’ai plus peur de tenir des promesses. Au fil des heures, je sais bien qu’on se blesse tôt ou tard, un jour ou l’autre. Il m’arrive encore de douter de mon destin, de ce qui va m’arriver. Mais je n’ai plus peur de mentir, d’avoir mal, ton sourire refoule mes larmes… Je t’aime.

Les deux derniers mots s’étranglèrent au fin fond de ma gorge, néanmoins, je savais qu’elle en avait saisi le sens, et l’importance. Ce n’était plus un jeu, un coup pour rien. Je l’avais dit, et elle en était consciente.
Elle m’observa sans rien dire. Je décelai dans son regard quelque chose que je n’aurais jamais imaginé voir à ce moment précis. De la confiance. De l’hésitation également.
Mon cœur se serra. A tous les coups, elle allait me servir le couplet qui m’empêchait de dormir toutes les nuits. « Désolée Jake, tu seras toujours un grand frère pour moi. »

Elle s’approcha de moi, son sourire habituel aux lèvres.

- Depuis le temps. Tu as toujours été la. Et ne dis pas que tu ne t’en doutais pas, cette chanson, tu la connais…

Sa voix était quelque peu enroué, du fait de l’absence prolongée de paroles. Toutefois, elle restait pour moi la plus belle voix du monde.
Elle s’empara de mon poignet, et le déposa sur sa poitrine. Je sentis son cœur battre la chamade sous mes doigts. Comme avec Bella. Soudain, je redescendis sur terre, et me rendis compte que la pluie tombait à grosses gouttes, ruisselant sur nos vêtements. Je m’attardais sur les vêtements que portait Nessie. Une robe blanche que je n’avais jamais vue. Mais qui lui allait plus que bien.

Tout à coup, elle s’écarta de moi et s’assit sur un tronc d’arbre à terre. Elle ne me lâcha pas du regard, comme si une connexion s’était établit de son côté, et qui était déjà présente depuis longtemps du mien.
Elle entrouvrit les lèvres, et commença à fredonner. Je reconnus cette mélodie dès les premières notes. C’était la chanson que j’avais entendue quelques jours auparavant dans sa chambre…

How did I get here, Turned around
And there you were.
I didn't think twice
Or rationalize,
Cause somehow I knew,
That there was more than just chemistry
I mean, I knew you were kind of into me.
But I figured It's too
Good to be true.

All this time I was looking for love,
Trying to make things work,
They weren't good enough
Till I thought I'm trough
Said I'm done
Then stumbled into the arms of the one.

You're making me laugh about the silliest stuff,
Said that I'm your diamond in the rough.
When I'm mad at you,
You come with your velvet touch.
Can't believe that I'm so lucky,
I have never felt so happy,
Every time I see that sparkle in your eyes.

You're one in a million.


Tout ce temps, je ne l’avais pas quittée des yeux, totalement abasourdi. Depuis quand Renesmée savait-elle chanter ? Quoi que, j’aurais sûrement dû m’en douter.
Elle venait de me faire la plus belle déclaration du monde. Voix enrouée ou pas, cheveux trempés ou pas.
A présent, je me fichais de tout. Je me fichais d’être trempé, j’allais attraper la mort, et bien tant pis. Nessie m’aimait, le reste, je m’en désintéressais totalement.
J’attrapais sa main, et l’attirai contre moi. Elle se dressa sur la pointe des pieds, et posa ses lèvres sur les miennes.

Un papier tomba de ma poche. La photo que j’avais prise des jours auparavant sur le mur de sa chambre.
Elle frôla le sol, s’arrêta sur l’herbe, et le papier absorba une des dernières gouttes de l’averse.

je n'écoute pas Hannah Montana (oui, je n'ai pas inventé la chanson xD), j'ai juste pris cette chanson par rapport aux paroles.

J'ai adoréééé !!!!
J'ai vraiment reconnu Jacob dans ton histoire : sa façon de penser, d'agir,...
L'idée est originale et très bien décrite.
A première vue, il n'y a pas de faute d'orthographe.
Bref c'est parfait !

jusqu'à la chanson et la pluie.
La d'un coup, j'ai eu un flash sur tous les films ou ça finit par une déclaration en chanson et/ou pire un baiser sous la pluie.

En dehors de ça, le récit du point de vue de Jacob est très touchant et très fidèle à ce qu'on connait de lui.