Re bonsoir
je me suis inscrite sur le forum pour pouvoir lire et surtout commenter les OS postés... alors je me prête aussi au jeu.
Voici ma participation au concours. Remarques, impressions, critiques... je prends tout.
Je remercie par la même occasion tous ceux qui ont postés leurs travaux, les lire est un vrai plaisir.
La fin de l’été
Dans ses mains, un petit cœur qui battait, très fort et très vite.
J’attendais l’instant, celui où ses yeux émerveillés s’ouvriraient en grand et où elle laisserait échapper ce rire si singulier, si enjôleur et si hypnotisant, qu’il semblait réchauffer la forêt entière.
J’observais ses petits doigts retenant cet oiseau qui semblait finalement si apaisé entre ses toutes petites mains, en comparaison avec l’affolement dont il avait été victime lorsqu’il était dans la gueule de Jacob. Ce cœur minuscule, si effrayé, avait résonné de toutes ses forces jusqu’à mes oreilles.
Elle avait beau avoir l’allure d’une petite fille de deux ans nous n’avions pas oublié qu’elle n’était née qu’il y a quelques semaines. Cette croissance accélérée ne cessait de me troubler, même si l’idée d’éternité semblait s’être enfin ancrée en moi. La sensation de « temps perdu » de « temps qui passe » ne m’évoquait que quelques brides d’un passé lointain, de ma vie d’avant. Il y avait eu les années, les saisons et des jours entrecoupés de petites morts. Tout avait ou aurait une fin : mes jours, mes nuits, ma vie...
Nessie avait, en quelques secondes, chamboulée mon existence toute entière. Plus de Temps, juste un futur éternel qui, jusque là, n’avait cessé de nous offrir de nombreux bonheurs.
L’un de ceux-ci dansait maintenant sous mes yeux. Tant de beauté en un si petit bout de fille ne cessait de m’émouvoir. Son emprise n’avait été que de plus en plus forte depuis sa naissance. Elle devenait plus belle de jour en jour. Elle était vêtue d’une petite robe de coton ivoire faisant ressorti une carnation de peau inédite, une cascade de boucles à peine retenues par une petite pince à cheveux. Jacob avait collé sur cette barrette une petite figurine de bois assez similaire à l’amulette qui avait orné mon poignet. Désormais dénudé de son loup, mon bracelet ne retenait plus qu’un diamant solitaire. Si Jacob avait fait partie de celle que j’avais pu être, c’était dans la vie de ma fille qu’il jouerait maintenant le rôle principal, plus dans la mienne. J’étais à Edward, mon cœur et mon existence toute entière lui appartenaient.
Derechef, mon corps frémit, à l’évocation de cette vérité inébranlable d’éternelle appartenance, mais aussi à la perception de pas qui se rapprochaient lentement de moi. Le torse de mon mari se moula dans mon dos, ses deux bras s’enroulèrent autour de ma taille, ses doigts s’entremêlèrent aux miens et nos deux alliances s’entrechoquèrent dans un tintement doux. Il plaqua son autre main contre mon ventre, sa tête vint se loger dans le creux de mon épaule. Nous formions ainsi, l’un contre l’autre, immobiles, un véritable monolithe.
J’avais pris pour habitude, depuis la récente découverte de mon pouvoir et surtout sa maîtrise, quoique parfois perfectible, de laisser Edward lire mes pensées. La possibilité que j’avais de lui suggérer ce que je pensais, par l’extension de mon bouclier, devenait comme une porte d’entrée, que je déverrouillais pour le laisser m’envahir, spirituellement.
Je cherchais peut-être à compenser les frustrations passées qu’il avait pu ressentir, mais je voulais surtout lui offrir la possibilité de voir combien, aussi impossible que ce pu être quantifiable, j’étais heureuse à présent.
J’étais heureuse de le savoir libérer de toutes contraintes avec moi, heureuse que nous soyons à égalité. Je le laissais voir à quel point je l’aimais pour m’avoir donner l’immortalité en sa compagnie, mais aussi, et surtout, son amour si inconditionnel. Un amour infini, hors norme à bien des niveaux, que je n’avais nullement envisagé au cours de ma vie d’humaine et que je n’avais pas eu le temps d’anticiper une fois devenue comme lui.
Nous regardions au travers de cette fenêtre ce que l’existence nous avait offert de plus beau : notre famille. Emus à ne plus pouvoir détourner notre regard, devant le bonheur de cette petite fille qui désormais poursuivait Jacob avec un rire si éblouissant… Ivre de bonheur, je fermais finalement les yeux, resserrant son étreinte, j’agrippais avec ma main libre, sa nuque et la racine de ses cheveux. Dans une longue inspiration, je me saoulais de son odeur et me noyais dans les images que celles-ci faisaient jaillir à mon esprit.
- Mon amour, je crois que nous ne sommes pas seuls, me murmura-t-il d’une voix à la fois suave et amusée, en faisant remonter lentement sa bouche de mon épaule à mon oreille.
Ses lèvres avaient laissé un sillon brûlant le long de mon cou, ce qui ne m’aida guère à reprendre pleinement possession de mes moyens. Il eut à peine le temps de se pencher par-dessus mon épaule, de me dévisager, riant de mes yeux d’or, ambre sur un lit de miel, avec des éclats de topaze, désormais similaires aux siens. Il pouvait y lire de la malice mais surtout un désir hardant… quand deux grands bras vinrent nous étreindre. Une tête se posa sur mon autre épaule. Nous étions désormais trois êtres figés, à contempler ce captivant spectacle de Jacob riant aux éclats, qui jouait avec cette petite fille.
Nessie tenait de son père sa silhouette grande et élancée, désormais elle me dépassait d’une tête au moins. Elle avait hérité de son courage mais de ma détermination : celle qui m’avait poussé hors des sentiers, à travers une forêt sombre, parsemée d’embûche, vers un monde dont j’aurais du rester ignorante.
Il y a des alliances que l’on peut désapprouver et il y a les alliances qui sont simplement contre nature. Mon engagement envers Edward avait été hautement désapprouvé par Jacob, à juste titre. Cette fameuse dame nature m’avait rattrapé pour me punir d’avoir enfreint ses règles : ma transformation in extremis n’avait été qu’une pale solution pour m’éviter une mort certaine. La nature rattrape ces impudents.
Le destin de Jacob et de Nessie avait été scellé dès le premier jour. Il avait veillé sur elle depuis sa naissance, n’avait jamais souhaité autre chose que son bonheur. Ces sentiments, purs et innocents avaient évolués au terme de la croissance de Nessie. Elle était devenue une femme. Si lui n’avait pas compris qu’une métamorphose de ses sentiments eut été possible, Nessie comprit, le nez face à une évidence incontournable, qu’il n’y avait pas d’autres issues pour eux que de se laisser aller à cet amour interdit.
Sa passion avec Jacob était dévorante, nul n’aurait pu le prévoir et surtout s’élever contre.
Nessie avait balayé tous les obstacles d’un simple revers de main, comme on balayait les feuilles mortes de l’automne, comme on repoussait l’adversité ; comme nous l’avions fait pour la garder près de nous. Au lieu de brusquer la nature, elle l’avait dompté. Elle avait toujours été au contact de Jacob ; de cette proximité, elle avait réussi, non pas à tolérer cet odeur censé nous écœurer, mais à s’y attacher.
Un loup garou et une fille de mère humaine et d’un père vampire : la loi des espèces était plus qu’enfreinte, elle était violée.
Si Carlisle avait su donner l’exemple que les vampires puissent évoluer au milieu des humains mais aussi qu’ils puissent leur sauver la vie, si moi-même j’avais survécu à mon histoire avec Edward - du moins au début -, si Nessie avait pu être conçue par notre amour contre nature, nous n’avions pas envisagé la tournure que prendrait les événements.
Edward, embrassa mes cheveux, et ceux de Nessie, les deux femmes de sa vie comme il le répétait souvent, d’un ton aussi rieur que fier.
« Elle te ressemble maman » me dit Nessie, aussi fascinée du spectacle que nous l’étions son père et moi. Je ne pouvais ravaler l’idée que cette petite fille, ma petite fille, me permettait de revivre des instants avec Resnémée qui s’étaient envolés bien trop vite à mon goût.
Déjà Nessie avait rejoint ce qui était désormais sa famille dehors, elle embrassait dans un immense sourire son Jacob et le fruit de cet amour peut-être contre nature, mais qui avait su insuffler tant de bonheurs dans un si grand nombre de vies que personne n’avait osé le remettre une seule fois en cause. Leur fille portait le nom de la mère de Jacob et au deuxième rang mon second prénom : Lillian Mary Black Cullen. Tant de formalisme pour une si petite personne, qui recevait bien plus d’amour que n’importe quel être ayant pu vivre en ce monde. Si Nessie avait été submergé de l’amour de mes deux familles, Lily avait bénéficié en plus de la bienveillance de la famille de Jacob ainsi que de tous ses proches. Par sa seule naissance, elle avait réussit l’improbable : l’enterrement du traité entre les Quileutes et les Cullen. Celui-ci n’avait même pas été discuté, négocié, il était seulement devenu inutile. Aucune formalité n’avait été nécessaire. L’harmonie de nos vies s’était imposée comme une évidence.
Jacob pouvait concourir à l’élection de l’homme le plus heureux de la terre. Son imprégnation avait été l’aube d’une longue journée sans nuage. L’être, qui était à ses yeux le plus précieux qui soi, pour lequel il n’avait jamais aucune autre intention qu’une dévotion purement innocente, lui avait témoigné un amour si intense qu’il avait du abdiquer. Cet amour si violent par son intensité avait abouti à un couple fusionnel.
Il avait raison, j’avais aussi eu ce que je voulais. Ce que je lui avais avoué : le fait qu’il fasse partie de ma famille (même si je n’avais pas envisagé une seule seconde qu’il deviendrait mon gendre) et que nous puissions nous aimer de manière fraternelle, sans malentendu ni peine. Ce que j’avais tu : il avait, rien que pour lui une fille -femme- qui l’aimait et qui ne le ferait jamais souffrir. J’étais partagé, à cette pensée, entre le malaise et la fierté : ma fille pansait les blessures que j’avais infligées à Jacob par un amour, qui avait été à mon image, maladroit. J’avais eu tort en pensant qu’aucune femme ne serait jamais assez bien pour lui.
Nessie avait très vite compris en grandissant que son amour avec Jacob se heurterait à beaucoup d’obstacles et à de tristes réalités. Depuis la visite de Nahuel, nous avions tous pu tirer un trait sur les angoisses relatives à la croissance de Nessie. Nous savions qu’elle grandirait vite mais qu’elle resterait figée dans ses dix sept ans à tout jamais. Sa détermination à vouloir offrir, à l’être qui l’aimait sans nul doute le plus au monde, la vie qu’il méritait, nous avait laissé stupéfaits. Avec la plus grande maturité, elle avait fait de Jacob le père d’une superbe petite fille, comme s’il n’en avait pas pu en être autrement. Cette décision, prise en pleine connaissance de cause, se transformerait un jour en un cruel sacrifice : elle devrait apprendre à continuer à vivre sans son premier et unique amour, pour leur fille Lily.
Jacob assis en tailleur sur la mousse tendre de la forêt, tenait maintenant contre lui Nessie, enroulée dans ses immenses bras. Ils regardaient béats, sourires synchronisés, Lily en train de cueillir les derniers lys qui bordait le cottage. Ces fleurs marquaient la fin de l’été et le baiser qu’Edward posa délicatement sur ma joue marqua la fin des mes mélancoliques pensées.
Le tableau était complet. Le monde aurait bien pu s’arrêter en cet instant, nos existences auraient été figées dans ce moment de plénitude le plus parfait. J’aurais aimé que l’éternité nous emporte tous, comme un long voyage dont on ne revient jamais, même si je savais que certains d’entre nous n’arriveraient pas à destination.
Précision : il y a eu incompréhension totale de ma part sur la consigne du point de vue. Je n'ai visiblement pas été la seule à l'avoir mal interprété, donc l'utilisation d'un autre narrateur a finalement été accepté par les admins (Merci encore à eux)