hop, la suite =)
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Chapitre 4 (2/2)
La fin des cours se passa sans que je ne pense réellement à Night, suivant et écoutant les cours qui se succédaient. Je n'avais plus qu'un vague souvenir de ce qui s'était passé a l'heure du déjeuné et le pressentiment que je devais à tout prix aller sous l'arbre. La sonnerie retentit annonçant la fin de la journée. Le bruit continua son chemin, passant de classe en classe, et d'étage en étage. Je sortis précipitamment de ma classe, sans attirer le moindre regard, une habitude. Enfin, c'était ce que je croyais. Une voix masculine retint mon pas:
- Heaven? Heaven Destal ?
Je m'arrêtai net au son de mon nom. Ce n'était pas la voix de Night, beaucoup trop juvénile pour lui être semblable, même si celle ci était d'un ténor exquis.
- Joli dos, poursuivit-il
J'étais pétrifiée, et n'osai encore moins me retourner. Cette réplique, je ne l'a connaissais que trop bien. Puis, laissant échapper quelques secondes à l'espace temps, je daignai me tourner vers mon interlocuteur.
Je crus que mon cœur avait cessé de battre. Night?...Non, ça ne pouvait pas être lui, ses yeux, bien qu'ils ne fussent d'une beauté rare, noirs encré reflétaient tout, sauf l'identité de Night. Pourtant...pourtant il avait les mêmes traits, la même peau, presque le même visage. Ses cheveux encrés eux aussi étaient un peu plus courts, relevés derrière, maintenu en pics. Sa stature était très certainement plus petite, ne me dépassant que de quelques centimètres. Il portait un léger sweater noir ainsi qu'un bas assorti. On aurait dit le portrait craché de Night, en plus jeune très certainement. Il lui ressemblait parfaitement, hormis ses yeux et son "sourire". Un sourire d'une arrogance insoupçonnée et détestable, un sourire que je n'avais jamais vu s'esquisser sur le visage de l'ange que je connaissais.
- Et bien, je ne savais pas que mon frère avait si bon goût! ricana t-il.
"Frère"? Tout s'expliquait, j'aurais du m'y attendre. Ainsi, Night n'était pas fils unique, il avait un frère, plus petit que lui d'après mon analyse, et définitivement plus arrogant. Ses yeux pétillaient et sa bouche s'étirait en sourire à n'en plus finir.
- Salut Heaven. Enchanté, je m'appelle Ethan Willeston, se présenta t-il en me tendant la main.
- Heaven Destal, lui répondis-je en lui tendant ma main en retour.
A mon étonnement, il la retourna et me déposa un long baiser sur son dos en murmurant "je sais". Comment osait-il? Je retirai furtivement ma main et n'hésitai pas a l'essuyer sur mon pantalon. Je voulais lui faire comprendre qu'il n'avait pas tous les droits. Etait-ce génétique? Il ne me prit pas au sérieux et éclata de rire. Pas d'un rire doux et mélodieux comme j'avais l'habitude d'entendre, mais offensant et supérieur.
- C'est qu'elle ne se laisse pas faire! Et bien, mon frère ne s'était pas trompé lorsqu'il prétendais que tu es unique! Mais au niveau de tes yeux, j'ai beau chercher, je pensais y desceller des prunelles violettes, mais apparemment, ce n'est aps le cas...Pourtant, Night n'est pas du genre menteur.
Ah! J'avais bien raison! Mes yeux ne s'apparentaient en rien au violet! Génial, qui m'assurait maintenant qu'il ne m'avait pas menti a chaque phrase, à chacun de ses mots? J'étais bien naïve.
Je détournai une nouvelle fois le regard, et aperçut a mon insu un groupe de filles plus jeunes que moi qui bavaient littéralement sur Ethan. Il aurait tout de même fallu des limites au ridicule. Le concerné suivit mon regard et son sourire reprit de plus belle.
- Je te laisse et ne sois pas aussi jalouse! lança t-il en marche arrière en direction du groupe de groupies.
Je regardais cet immonde être s'éloigner, restant sur mes gardes. Et je me rendis compte qu'il me laissait totalement indifférente. Encore une des nombreuses différences entre Night et lui. Et ce fut sans une once de regret, sauf peut être le fait d'avoir perdu inutilement mon temps, que je me dirigeai vers le parc.
Je fis quelques pas sur l'herbe, contournai quelques arbres égarés et m'approchai du point d'arrivé. Je n'avais pas beaucoup d'espoir de pouvoir le trouver encore là, mais qui ne tente rien n'a rien. Ce fut donc avec un réel étonnement que je le découvris allongé, ses bras croisés derrière sa tête, servant de support à celle ci. "Un ange endormi"...ce fut les seuls mots qui me parvinrent a l'esprit. Mon Dieu, comme il était beau. Les quelques brises de ce matin ne s'étaient pas encore tues et entraînaient les fines mèches sur son front dans une danse endiablée, se moquant totalement des lois de la gravité. Ses paupières, d'une finesse inimaginable faisaient barrière à ses précieuses prunelles.
La sérénité semblait s'être posée sur lui. Night était d'une beauté cruelle et saisissante, son appareil photo posé à ses côtés sur l'herbe abondante. Celle ci, recourbée aux endroits avoisinants la place où se situait night semblait s'incliner devant sa beauté magistrale. Il était évident que si j'avais eu l'inimaginable aubaine de me tenir aussi prêt d'un ange, j'aurais été la première a m'incliner devant lui.
Devant une telle vision, je fus irrémédiablement tentée de l'immortaliser. Et je succombai. Et deux trois mouvements, l'appareil se trouva entre mes mains et ces dernières enclenchèrent d'elles-mêmes l'appareil. Je n'avais pu résister, j'étais si faible. Le reposant délicatement a son ancienne place, je m'avançai et m'accroupis près de l'ange endormi, sans aucun mouvement inutile, sans aucun bruit. Il était si facile d'apeurer un oiseau et de le voir s'envoler sans aucun espoir de le revoir. Je replaçai une mèche rebelle derrière l'oreille, et me penchai, comme pour mieux l'examiner. Je m'enivrais de sa perfection. Ses lèvres presque effacées remuaient doucement et très lentement. Son souffle se perdait dans la brise et je ne parvins a distinguer la moindre syllabe. Attisée par la curiosité, j'approchai instinctivement mon oreille à son souffle, jusqu'à ce que je fusse à quelques centimètres de sa bouche, mes mains retenant la plupart de mes cheveux. J'avais agi sans réfléchir et ne tardais pas à le regretter:
- Bouh, susurra t-il avec une vivacité déconcertante.
Je me redressai hâtivement, horrifiée et totalement désorientée.
il avait ouvert les yeux, et un air narquois s'était dessiné sur son visage. Ma réaction l'amusait et il ne chercha pas à le cacher. Il souriait comme jamais mais pas seulement, ses yeux pétillaient et les "deux lunes" semblaient briller de toute ses force. Et je réalisais enfin à quel point ses prunelles m'avaient manqué, comme il m'avait manqué. Je ne me doutais guère que ce sentiment serait si brûlant. Night n'avait eu, et il s'en réjouissait. Sa fierté occasionnée s'affichait sur son visage. Je grimaçais de douleur intérieur.
- Allez, ne m'en veux pas et puis tu serais tellement plus jolie si tu souriais, dit-il en étirant son sourire d'un bout à l'autre.
Comment pouvait-il affirmer que je serais "plus jolie" si je souriais, alors qu'il n'en savait absolument rien? Je détestais ce genre de remarque, et pourtant...Et pourtant durant une fraction de seconde je l'avais cru. Mais la vision de sa propre beauté m'avait rapidement ramené à la vérité. Son sourire s'était effacé, mais ses yeux brillaient encore.
- Aurais-tu perdu ta langue? s'enquit-il.
Ma langue, non; mais ma raison, oui.
- Qu'est ce que ça peut te faire? lâchai-je en tournant la tête.
Je ne voulais pas qu'il eut à penser qu'il s'en sortirait ainsi. Mais il tendit la main et prit délicatement mon menton entre ses doigts, m'obligeant à croiser son regard.
- Ca m'aurait irrité de ne t'avoir jamais entendu chanter, répliqua t-il avec un sérieux inadapté.
- « Chanter » ? m’étranglai-je, je ne chante pas ! Je n’ai jamais chanté, je ne sais pas chanter et tu voudrais que je chante ?!
- Personne ne « sait pas chanter ». On a tous une voix à ce que je sache. Et le fait que nous soyons tous si différents amplifie la diversité de nos voix. On est tous capable de chanter et si ta voix ne te plaît pas à certaines personnes, et plaira forcement à d’autres. Tout est relatif…
-Ce que tu dis est peut-être vrai, mais je ne chanterai pas, jamais ! m’obstinai-je.
-Ne jamais dire « jamais », sourit-il en redressant sa tête qu’il cala avec sa main.
Il était allongé sur le côté et souriait, toujours et encore. Je ne pouvais rien répondre à cela, il avait constamment le dernier mot. Il jeta un furtif coup d’œil au ciel.
- Mmmmh, d’après la direction du soleil, j’en déduirais qu’il est 19 h 15 et qu’il serait temps que tu t’en ailles ou bien tes parents risqueraient de s’inquiéter, déclara t-il en gardant son éternel sourire aux lèvres.
Etonnée, je me tournai vers l’astre et fus aveuglée par son immaculation. Je laissai échapper un gémissement et portai instinctivement mes mains à mes yeux. Ma vue voilée, il ne me restait plus que mon ouïe sur qui compter. Elle m’informa qu’un doux rire angélique s’éleva et se répandait autour de moi. Il se moquait de moi, il osait…
Soudain je sentis une force inconnue soulever ma main. Il s’était emparé de mes doigts et je ne pus m’empêcher de sursauter au contact de ses lèvres glacées sur le dos de ma main brûlante. Le contraste était saisissant.
- Bonne soirée, chère princesse à qui on a ôter sa vue. Je prends congé de Mademoiselle, dit-il sur un ton solennel.
Et il me laissa croupir sur l’herbe, seule, et aveugle. « Princesse » ? Tu parles d’une princesse…
Peu à peu, je recouvris ma vue. J’eus le réflexe de regarder autour de moi et ce fut avec une réelle déception que je découvris son absence. Le parc était désert. Je jetai un coup d’œil à ma montre : il était 19h17. Comment était-ce possible? Il était impossible, même à quelqu’un comme Night, d’interpréter l’heure exacte à la minute prêt juste en ayant pris connaissance de la direction du soleil ! Tant de questions me tourmentaient depuis ma rencontre avec Night et lui seul en possédait les réponses. Je me relevai à l’aide de ma main droite et fus sur pied plus rapidement qu’il ne fallait. Et par conséquence, je me vis affligée d’une violente migraine. J’étais fatiguée, le soleil tapait un peu trop fort, les questions se bousculaient et pour la première fois de ma vie, je sentis le besoin pressant de dormi. Tout oublier et échapper à ce monde quelques instants, juste quelques instants…
fin du chapitre 4 (2/2)